Les disciples de Babuji


Babuji débute son enseignement spirituel dans l'Uttar Pradesh, où il s'allie Kasturi Chaturvedi. Mais sa notoriété déborde rapidement du nord de l'Inde et se propage à l'ensemble du pays. Des hommes du sud le rejoignent, tels Ragavendra Rao au sud-ouest (Raichur, Karnataka), le Docteur KC Varadachari au sud-est (Tirupati, Andhra Pradesh), puis Parthasarathi Rajagopalachari plus au sud encore (Chennai, Tamil Nadu).
A sa mort en 1983, sa succession est fortement disputée. La SRCM éclate au profit de 2 mouvements distincts qui n’auront de cesse de s’affronter. Les enfants de Babuji sont à la tête de la SRCM de Shahjahanpur dans le nord, Chari crée une marque SRCMTM au sud et à l’étranger.

Kasturi ChaturvediKum Kasturi Chaturvedi, près de 90 ans, est une disciple de la première heure de Babuji. Elle a fait sa rencontre en 1949, est devenue full précepteur et "sainte" du Sahaj Marg selon les propos de Babuji. Depuis Lucknow (Uttar Pradesh, Inde), elle enseigne le Sahaj marg de son maître intemporel dans une grande indépendance vis-à-vis de la SRCM. Autorité morale et spirituelle, probablement demeurée la plus fidèle à l’esprit de son enseignement, sinon à la lettre, elle rallie progressivement autour d’elle la plupart des déçus du "charijisme".

Le Docteur KC Varadachari (14/08/1902-30/01/1971) et son fils NarayanaSans doute l'une des plus grandes personnalités historiques du Sahaj Marg. Sa rencontre avec Babuji date de 1955. Ce professeur de philosophie crée le Sahaj Marg Research Institute en 1965 et contribue ainsi largement à la diffusion du Sahaj Marga auprès du grand public. Mais en 1970, il alerte Babuji sur les risques de dérives du Sahaj Marg dus à son expansion.
En 1979, Babuji demande à son fils, KC Narayana, d'épauler Rajagopalachari après sa mort dans sa tâche de président de la SRCM. Mais en 1991, Narayana quitte Chari pour fonder l'ISRC (Institute of Sri Ramchandra Consciousness), car il lui reproche de développer un culte de la personnalité malsain.

Parthasarathi Rajagopalacharidit Chari (né le 24/07/1927), brahmane occidentalisé parlant tamoul, mangeur de riz et fumeur de cigarettes, rencontre Babuji en 1964. Dix ans plus tard, il reçoit de sa part une déclaration de nomination à la présidence de la SRCM. Rejeté par les seniors précepteurs et opposé au fils de Babuji, Umesh, dans une guerre de succession, il préside une SRCM non reconnue officiellement, sauf au registre des marques.

Les enfants de BabujiJusqu'au début des années 80, les enfants de Babuji n'ont jamais montré aucun signe d'intérêt pour les choses spirituelles. Mais en 1980, Umesh voyage aux USA en compagnie de 2 full précepteurs de son père. En 1982, il est nommé président de la SRCM de Shahjahanpur et s’oppose directement à Chari pour la succession.

La diaspora indienne des full précepteurs et seniors précepteursProfesseur de philosophie aujourd'hui retraité, SP Srivastava a enseigné la science yogique à l'Université de Lakhimpur (Uttar Pradesh, Inde). Sa rencontre avec Babuji date de 1948-49. Après la mort de Babuji, il a présidé par intérim le comité de travail de la SRCM à Shahjahanpur de 1984 à 1994. Depuis, voulant abolir la frontière entre les sciences dites dures, le yoga et la spiritualité, il a créé une association dont la branche belge a été baptisée Shri Ram Chandra Memorial International Society Promoting Spirituality As A Science (INSPSAAS). Kasturi lui reproche de se présenter comme le président.

Opposés à Chari, les full précepteurs Ragavendra Rao et Ramachandra Reddy ont accompagné le fils de Babuji, Umesh Chandra Saxena, dans sa tournée aux Etats-Unis en 1981. Plus tard, Ragavendra Rao abandonne la place qu'il occupait depuis 84 au comité de travail de la SRCM au départ de Srivastava. Jusqu'à la fin de sa vie au printemps 2006, il est resté dans son ashram de Raïchur dans le Karnataka, où il enseignait le Sahaj marg à tous ceux lui rendaient visite. Des sbires armés de Chari se sont aussitôt emparé de son ashram avec la complicité de la police. Peu après, Suresh Kumar Makam a créé un blog à sa mémoire : http://makamsureshkumar.blogspot.com
Le Karnataka est riche de vieux précepteurs fidèles à Babuji. En 2010, des full précepteurs poursuivaient encore leur enseignement, très indépendamment de Chari : à Gulbarga Narayan Rao (né vers 1922), et à Bangalore Vital Rao (né vers 1924), surnommé affectueusement Judge parce qu’ancien magistrat de la Haute cour de justice.
A Gulbarga toujours, le Docteur Shiam Rao (ou Shyam Rao, Sham Rao ou Shamarao), prend la relève de ces vieux précepteurs en 2013. Ne pouvant conserver le terme « Branche de la SRCM au Karnataka » pour éviter une querelle judiciaire avec la SRCM de Chari, il l’a rebaptisé « Turning Point Bangalore ».
Ramachandra Reddy, de son côté, abandonne aussi sa place au comité de travail et retourne à Cuddapah dans l'Andhra Pradesh. Ce full précepteur crée la Shri Ram Chandraji Maharaj Seva Trust, une structure au nom distinct de la Mission pour éviter toute querelle légale, et y enseigne le Sahaj Marg jusqu'à sa mort en 2008. Cette structure est actuellement dirigée par l'avocat TV Srinivasa Rao. Jogarao, un très vieux précepteur né vers 1913, est décédé l'année d'avant à Hyderabad.
Dans cette vaste diaspora des disciples de Babuji, il y a aussi Satyanarayana Chillapa, surnommé Swamiji, qui pilote, depuis Hyderabad dans l’Andhra Pradesh, un institut appelé IUSCM (Institute of Universal Self Conciousness Movement, www.iuscm.com). Ce professeur retraité d’université en agriculture a essaimé autour de lui dans sa profession, ainsi que dans l’Océan Pacifique, principalement en Australie où il y a plusieurs ashrams. Sa voie spirituelle est le Sahaja Marga Raja Yoga Dhyana Gruhastha Ashram (SMRYDGA), qui suit le précepte de "Marjalla Niti". Elle repose essentiellement sur le concept de Conscience universelle, qu’il a essayé de théoriser en une jolie formule mathématique.

La diaspora étrangère
En Europe, André Poray (né vers 1909 et décédé à plus de 90 ans) est l'un des tout premiers occidentaux à avoir rencontré Babuji. D'abord ami de Rajagopalachari, ce full précepteur de Sanary dans le Var (France) s'en est éloigné dès 80-82, lors des tournées de Babuji à Munich et à Paris. Il a alors créé une association loi 1901 dénommée "La voie de la réalité" où il enseignait un Sahaj Marg légèrement teinté de bouddhisme tibétain qu'il affectionnait tout particulièrement. Rajagopalachari lui avait d'abord enjoint de le rejoindre avant de le destituer de sa charge de précepteur.
Comme en Inde, il y a aujourd'hui des groupes indépendants en France à Lyon, Tours et Paris, dans le sud ouest et les Alpes Maritimes, mais aussi en Espagne à Barcelone, ou bien encore en Suisse. Chaque année, une rencontre européenne est organisée en octobre à Sanary. Ces disciples de Babuji reçoivent de temps à autres la visite de grands précepteurs indiens, ou bien vont à leur rencontre en Inde au gré de leurs déplacements. Fin 2008, Cyrille Roux sortait de l'ombre pour s'exprimer sur le web et faire connaître l'existence de leurs groupes.
Aujourd’hui décédés, Donald Sabourin au Canada et Hans Gangloff en Allemagne, disciples et docteurs de Babuji, ont choisi de suivre Chari et lui sont restés fidèles.

Récapitulons. Aujourd'hui, avec les disparitions des uns et des autres au fil du temps, il ne reste donc plus guère que les petits-fils de Babuji, Navneet et Puneet Kumar Saxena, à la tête d'une Mission devenue virtuelle depuis la prise de l'ashram de Shahjahanpur, en procès contre la Mission trademark de Rajagopalachari. De la diaspora des seniors précepteurs, restent aussi les full précepteurs vieillissant Kasturi à Lucknow, Narayan Rao à Gulbarga et Vital Rao à Bangalore, avec une multitude de communautés éparses en Inde et à l'étranger, sans oublier la très structurée ISRC de KC Narayana. De son côté, Rajagopalachari semble plus ou moins bien manipuler le dernier fils vivant de Babuji à Shahjahanpur, Sarvesh, sans oublier le petit-fils de Lalaji, Dinesh, à Fatehgarh.

Liens :- Kasturi, une sainte aveuglée par l’amour ?
- Le Docteur Varadachari, l’ISRC et son fils KC Narayana
- Babuji et sa famille
- Chari (en chantier)
- Babuji, ou la naissance d’un mythe