Aîné d’une fratrie de 3 garçons, Parthasarathi Rajagopalachari dit Chari est né le 24/07/1927 dans la banlieue de Chennai. Sa mère est morte alors qu’il avait 5 ou 6 ans. Diplômé d’une licence scientifique, il rejoint le conglomérat industriel TTK & Co en 1955, dont il prend rapidement la direction de sa filiale Indian Textile Paper Tube, jusqu’à sa retraite en 1985. Il se marie aussi en 1955 à Sulochana, dont il a un fils unique, PR Krishna, qui naît 2 ans plus tard. Celui-ci a 2 enfants : Barghav né en mars 88 et Madhuri en 91. Sulochana décède le 2/11/1999.
Ce brahmane parlant tamoul, mangeur de riz et fumeur de cigarettes Dunhill, connaît bien la culture occidentale et la maîtrise parfaitement. Habile chef d'entreprise, il sait parfaitement diriger les hommes et gérer ses affaires.
Chari rencontre Babuji en 1964. Il devient son secrétaire en 1970, puis il reçoit de sa part une déclaration de nomination à la présidence de la SRCM en 74. Tous deux sillonnent le monde occidental pour présenter le Sahaj marg jusqu’en 82.
Mais Chari est rejeté par la plupart des seniors précepteurs qui le jugent trop occidentalisé. A la mort de Babuji, ils lui préfèrent Umesh, le fils de Babuji. Désormais Chari préside une SRCM non officielle, mais s’accapare la marque commerciale Sahaj Marg TM.
Chari se retranche au sud dans l’ashram de Chennai, mais n’hésite pas exercer un chantage auprès des précepteurs, dans un courrier leur laissant le choix entre radiation ou allégeance. Il reprend aussi de force quelques ashrams tels ceux de Visakhapatnam, Nellore et Vadodara dès 1984-85. Mais surtout, il parcourt tous les continents en quête d'une légitimité qui lui manque, faisant ainsi de l'Occident sa tête de pont.
Pour mieux coller aux attentes occidentales, il n’hésite pas à modifier la pratique spirituelle, et revisiter son histoire. Une fois codifiée et ritualisée, la légende instaurée et le produit spirituel bien standardisé, la marque Sahaj Marg™ est déposée le 29 juillet 1997. Pour couronner le tout, les statuts de la SRCM, société californienne, sont déposés dans la foulée.
KC Narayana le quitte en 1991, Kasturi prend ses distances en 1995. L’un et l’autre lui reprochent d’avoir cédé au culte de la personnalité.
La stratégie de séduction des Occidentaux utilisée par Rajagopalachari ainsi que ses méthodes de management s'avèrent payantes si l'on en croit les chiffres avancés par les uns et les autres. Babuji comptait environ 3 000 disciples et 180 précepteurs en 1983. Rajagopalachari porte ce nombre à 20 000 en 1991, 50 à 55 000 vers 1995-97 et 75 000 en 2000 avec environ 1 500 précepteurs.
Fort de son succès et de l'argent qui lui vient de ses troupes occidentales, Rajagopalachari revient en Inde en 1999 pour fêter le centenaire de la naissance de Babuji. Le 30 avril, il inaugure le Babuji Memorial Ashram, à Manappakam dans la banlieue de Chennai, un ashram de cinq hectares qui peut accueillir 13 000 personnes à l'intérieur de son hall de méditation.
Si l'on en croit le principal intéressé, le retour de Parthasarathi Rajagopalachari en Inde connaît un succès foudroyant et est couronné par une victoire à plate couture sur son organisation rivale, la Shri Ram Chandra Mission de Shahjahanpur. En 2003, il annonce que le nombre de ses disciples a été multiplié par trois en trois ans. De 75 000 en 2000, il serait passé à 200 ou 300 000 dès 2003-04.
En 2005, parvenu à l'apogée de son pouvoir, Rajagopalachari nomme son successeur. Il fait reconnaître la SRCM au Département de l’information des Nations unies, lance la "Nouvelle bible" du Sahaj marg, un livre qui compile les paroles d’un Babuji de l’au-delà rapportées par une médium, crée une école et des centres de retraite…
Il est décédé le 20 décembre 2014.
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Chari, ou une industrialisation spirituelle à l’Occidentale
