Les successeurs de Chari

Le 29 avril 2005, Rajagopalachari écrit une première lettre de nomination de son successeur, Ajay Kumar Bhatter, jeune homme d'affaires du Bengale occidental et membre du Comité exécutif du président depuis 2003, choisi par Babuji et confirmé par la hiérarchie du Sahaj Marg, signature ratifiée par seize autres personnalités. Et il annonce publiquement sa nomination le lendemain, à l'occasion des soixante ans de la Mission et le jour même du 106ème anniversaire de la naissance de Babuji, dans un discours intitulé "Securing the Future of the Mission", alors qu'il va sur ses 78 ans. AK Bhatter a été choisi par Babuji, il est entraîné à cela depuis des années et le sera encore durant toute la vie de Rajagopalachari. Il lui succèdera donc comme représentant spirituel de Babuji et président de la Mission partout dans le monde. Mais AK Bhatter jette l’éponge 5 ans plus tard, usé par la cogestion avec Chari, les manœuvres et manipulations de toutes sortes. Chari annonce sa démission le 2 mai 2010.
Six ans après avoir nommé son premier successeur officiel, Rajagopalachari nomme donc un second successeur le 26 juillet 2011. Il désigne Kamlesh Desaibhai Patel, pharmacien à Brooklyn d’origine indienne, dans un document cosigné par US Bajpai, AK Bhatter et Sanjay Bhatia. L’annonce officielle n’a lieu que 2 mois plus tard, le 3 octobre 2011. Mais comme la première nomination, celle-ci a été approuvé par Babuji depuis l’au-delà, dans un message colporté par la médium à l’intention de Chari.
Né dans le Gujarat (Etat de l'Ouest de l'Inde, frontalier du Pakistan), Kamlesh a émigré aux USA il y a plus de 20 ans pour devenir pharmacien à Brooklyn (il aurait la cinquantaine). Suite à sa nomination par Chari, il s’est installé à Garden of Hearts (Chennai), face au Babuji Memorial Ashram. C’est un cacique, abhyasi de la première heure, précepteur depuis presque aussi longtemps, passé par toutes les fonctions de responsabilité (zone-in-charge, region-in-charge, etc.), jusqu’aux postes de directeur de la fondation américaine SMSF et grand médiateur de la nouvelle Equipe de Service mondial de la SRCM.
Cet indien d’origine vit à Staten Island aux Etats-Unis, dans l’état de New York. Un Indo-américain à la tête de la SRCM, c’est nouveau. S’il succède véritablement à Chari – à l’inverse d’Ajay – choisira-t-il les USA ou bien s’installera-t-il définitivement en Inde ?

Une légitimité s'acquière, elle ne se décrète pas
Ces 2 nominations visaient un double objectif : mettre un terme aux querelles de succession et rassurer les abhyasis quant à leur avenir. Mais il ne faut pas se leurrer, ces annonces officielles n’ont jamais réussi à éteindre complètement les hostilités entre les différents prétendants à la succession, elles ne font que les mettre en sourdine à défaut de les étouffer. Déjà, les abhyasis ne succombent pas tous au charisme des successeurs désignés. Cela ne va pas sans grimaces et grincements de dents. Mais il faut bien accepter la volonté du gourou, et donc faire avec…
Chari n'a nommé ses successeurs que pour mieux calmer les multiples prétendants à sa succession, mais ce ne sont que des pantins. Leur légitimité s'éteindra d'elle-même à la mort de Rajagopalachari. Une légitimité s'acquière, elle ne se décrète pas. Les enjeux sont considérablement plus grands qu’à la mort de Babuji.
Dans cette course à la succession, son fils PR Krishna, le richissime héritier et grand argentier de la Shri Ram Chandra Mission, qui gère les biens fonciers et immobiliers de la Mission, tout comme son petit-fils Barghav et sa petite-fille Madhuri sont bien placés. Santosh Khanjee, l'éminence grise qui connaît tous ses secrets et qui tient d'une main de fer toute l'organisation et les fondations a aussi ses chances. Mais ses hommes de main souvent à l'avant-garde des prises en force d'ashrams et de tous les coups tordus, tels Uma Shankar Bajpai et Arokiasamy P Durai (retraité des forces de police), s’agitent aussi.
Sans parler de la médium de Babuji (Catherine Lauret ?), qui avait prédit qu’Ajay Kumar Bhatter ne succèderait pas à Chari, à peine six mois avant sa démission. Pour une entrée en scène, c’était parfaitement orchestré, une réussite totale. Mais attention, son prestige pourrait être de courte durée. C’est une femme et Chari a toujours dit qu’une femme ne pouvait pas devenir gourou.
Du côté des outsiders, les petits-enfants de Lalaji et Babuji, Dinesh et Navneet, voient là une opportunité de reprendre des rênes qui leur avaient échappées. Mais la récente exposition médiatique du fils du Docteur Varadachari, KC Narayana, laisse supposer qu'il entend bien tirer son épingle du jeu. Et si Kasturi reste toujours en dehors des jeux de pouvoir, il n'en va peut-être pas de même de ses collaborateurs. Et qu'en est-il de Srinivasa Rao à la tête de la Shri Ram Chandraji Maharaj Seva Trust à Cuddapah ?
Et en 2011, un autre petit-fils e Babuji, Sharad Chandra, crée la Society for Babuji’s Mission, parce qu’il considère que la SRCM devenue trop imortante a relégué au second plan les aspects spirituels du Sahaj Marg…

D'ailleurs Rajagopalachari lui-même s'en inquiète et le révèle en janvier 2009. Il déclare qu'un cancer ronge le Sahaj Marg de l'intérieur et que son organisation est menacée de désintégration. Il fait des cauchemars où il voit la Shri Ram Chandra Mission se désintégrer en 240 petites missions.

Liens :
Kamlesh Patel, un successeur plénipotentiaire ?
- Chari, ou l’industrialisation d’une spiritualité à l’Occidentale